La pâle lueur lunaire éclairait doucement à intervalles réguliers le tapis pourpre et or qui décorait le long couloir de cette aile du chateau. les oriflames flottait doucement au rythme des coups de vents se faufilant par les fenêtres ouvertes. On pouvait apercevoir les chandeliers métalliques, plongés dans l'ombre, se balancer sans un son, leurs chaînes étonnement huilée à la perfection. Le lambris avait été nettoyé, le parquet laqué, le couloir était absolument parfait. D'une propreté complètement inhumaine.
Mais qu'est ce que la perfection? Est-ce cette poussière s'accumulant sur la grande vitrine baroque à côté de laquelle venait de passer la jeune fille? Était-ce la croyance d'une fatalité inéluctable, d'un déterminisme qui faisait que ce couloir fut propre car le destin l'avait commandé? les restes de ce moucherons qui, virevoltant, avait été broyé sans pitié par le battant de la fenêtre repoussé par le vent avaient été dispersé avec une aisance presque déconcertante. Peut-être était-ce ça la perfection.
C'est du moins ce que se disait la jeune fille, tandis qu'elle filait perdue dans ses pensée, à travers le couloir, suivant telle une machine montée sur un rail le complexe enchevêtrement d'allées du château avec précision. Sa forme immatérielle lui permettait de flotter à une vitesse improbable comme un bolide à travers ces corridors, et bien des élèves avaient frôlés une hypothétique crise cardiaque alors qu'elle filait vers eux, horrifiés par cette apparition fantomatiques s'approchant inéluctablement d'eux telle une ombre vengeresse...
Enfin. Si une fillette de quelques 14 ans pouvait parraître menaçant.
Elle parvint finalement à sa destination. Une grande salle de pierre, munie d'un feu et d'une longue table en bois, éclairé une fois encore par la lune, que l'on pouvait voir au dessus du parc, à travers une grande et large fenêtre. Près, de l'âtre, quelques fauteuils mangeant plongés dans l'ombre. On pouvait deviner de vastes bibliothèques derrière. Enfin, un escalier en colimaçon au centre de la pièce menait à l'étage supérieur, ou s'alignaient une dizaines de chambre dans les combles de l'aile.
Arghaelle retint son souffle, et après une longue hésitation, claqua des doigts.
Le feu s'alluma dans la cheminée, illuminant la salle. Désastre! le sol était couvert de livres, eux même baignant dans une fine couche de poussière. Des toiles d'araignées couvraient les coins et les angles partout dans la salle. Cette salle n'avait pas été fréquentée depuis une éternité! C'était la rentrée, comment l'établissement pouvait se permettre une telle saleté?!
La jeune fille se matérialisa au cœur de la pièce, et retroussa les manches de sa longue robe de fantôme. Elle retira le cache qu'elle avait sur son œil fauve, et commença à s'élever dans les airs. le vent se leva brutalement dans la pièce et des livres se mirent à tournoyer autours d'elle.... puis les tapis... puis les meubles.... le feu de l'âtre s'embrasa de plus belle.
- Il est temps de tout NETTOYER!